Jean Maxime Relange


Ce soir-là, Jean-Maxime Relange m’avait invité à poser sur toutes ces toiles qu’il sortait une a une et plaçait au centre de son atelier, non pas une regard de « connaisseur » mais seulement le regard de celui qui vient faire connaissance.

Et sans doute se demandait-il ce que je voyais.

Je voyais le feu et l’eau.

Un monde noir et rouge, aux formes closes, cachées derrière la barrière des arbres, le masque des visages. Des formes silencieuses entre lesquelles , dans des déchirures d’incendie, le vide jetait un cri.

Un monde vert et blanc où des silhouettes penchées cherchaient à l’infini leurs reflets bleus et où les ailes des mouettes délivraient le ciel de toutes les violences de la mer.

Parfois des bras ou des drapeaux se levaient au-dessus d’une foule qui avait l’air en fête mais j’étais contraint de me reculer à cause de cette souffrance que faisait entre les corps la blessure des couleurs.

Parfois l’eau, le vent et la terre se mêlaient, la réalité épousait ses apparences et je me laissais couler dans un instant de grâce, de naissance.

Ce soir-là, dans l’atelier de Jean-Maxime Relange, j’ai vu cette chose toute humble qui a un nom de passion. La passion de métamorphoser, lentement, à petites, la douleur en joie Et d’apprendre, lentement, à petites touches, à sauver un peu le monde, rien qu’en le regardant.

Jean-François Collinet

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